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Muriel Lhermet est une peintre abstraite française dont le travail a pour sujet la création de la beauté, facteur essentiel à l'Art. Elle explore la notion d'abstraction et la complexité des relations entre la couleur et la ligne, le fond et la forme, le chromatisme et la lumière.
Depuis 20 ans l’évolution de sa peinture n'est pas influencée par l'actualité du monde, c'est à ce titre une peinture hors du temps, hors des modes, empreinte de silence et d’introspection.
Proche des peintres russes ou américains de l’après-guerre, de Poliakoff et Rothko, elle travaille sa peinture au sol avec sa propre technique. Dans son travail Il y a comme une quête : la recherche de la lumière, par la confrontation directe des contraires, le clair et l'obscur, l'éclat des couleurs chatoyantes ou la profondeur des tons sourds qui absorbe le regard.
Son attrait pour l’architecture, l'archéologie, et les vestiges l'a poussé à réaliser initialement des maquettes de ruines avec des matières volatiles comme le sable, la cendre et les pigments naturels.
Diplômée de l'Ecole des Beaux-Arts de Toulouse en 1995, elle découvre les pigments colorés, leur texture poudrée, leur pouvoir chromatique, leur luminosité. Décidant d’utiliser les pigments comme une matière brute à part entière, elle arase sa peinture et met au point une technique spécifique au long des années. La difficulté était de conserver les qualités du pigment, de dépasser sa fragilité et sa volatilité pour rendre l’œuvre pérenne.
Composée de fines couches de pigments superposées sur une base de peinture à l’huile servant de médium, cette sédimentation crée de la profondeur, une vibration chromatique, une matière veloutée qui lui sont propres et qui rendent sa peinture unique et reconnaissable.
Ces strates souterraines, invisibles sont nécessaires à la création d'une densité sur laquelle se posent les derniers pigments poudrés, porteurs de lumière à la surface. La lumière qui enrobe les pigments, changeante selon l'heure du jour, fait apparaître l'aspect mat et minéral des gris ou au contraire, magnifie la luminescence des bleus.
Ces bleus qui composent des limbes, espaces ovoïdes ou géométrique, ces outremondes qu'on pourrait qualifier d’outrebleus tant ils jouent avec les variations de la lumière. Celle-ci est une composante essentiellement du tableau, la lumière qui se pose sur la couleur et celle que la couleur génère, comme si elle venait du fond du tableau.
La peintre structure la toile d’abord par la couleur puis par la ligne, comme une écriture abstraite. Cette épure permet d’insuffler à l’œuvre l'énergie vitale de son monde intérieur. Sa peinture n'est pas complètement abstraite, ni conceptuelle, elle s'adresse plutôt à la perception, à l'imaginaire de celui qui la regarde. Elle crée une réalité poétique, faite de structure, de formes, de mouvement.
Ainsi peuvent apparaître des formes humaines qui se découpent sur des rochers ou des silhouettes se déplaçant sous la lune.
Peut-être dans cette marge entre abstrait et figuratif peut-on voir ce que Gilles Deleuze appelle la “zone sub-representative “ qui était pour lui le véritable espace de création.